Réinventer les soins, chiche?

Réalisé pour le Temps. Photo du National Cancer Institure sur Unsplash.

Maintenir ou améliorer l’état de santé des individus, qu’ils soient malades ou bien portants est tout le défi de la santé. Elle sous-entend une multitude de tâches et d’actions – les soins – menées quotidiennement par les professionnel-les de santé, notamment les infirmiers et les infirmières. Et le champ des soins n’est pas un carré de potager, mais un vaste territoire où les domaines et les disciplines sont aussi variés que peut l’être la biodiversité du parc naturel Jura vaudois. Promotion de la santé, prévention, prise en charge, environnement, recherche, politiques de santé ou éducation sanitaire: les soins sont préventifs, diagnostiques, thérapeutiques et éducatifs! Ils répondent aux besoins biologiques, psychologiques et sociaux des personnes. Tout est matière à innovation, de l’ergonomie des couveuses de la néonatalogie à la communication avec les personnes de minorités linguistiques. Alors, quels que soient vos compétences ou votre profil, que vous soyez un citoyen ou une citoyenne ou un-e professionnel-le des soins, ce printemps, faites-vous les jardiniers et les jardinières des soins et de la santé. Apportez vos mains pour planter vos graines d’idées au Défi Source, du 28 avril au 23 mai, et faites germer des solutions.

La Source, pour former, soigner et innover

Mais d’où provient le Défi Source? Ce mot évocateur de vie, «source», puise son essence à Lausanne, où l’Institut et Haute Ecole de la santé La Source joue un rôle important dans l’innovation en santé et dans les soins. Membre de la HES-SO, cette haute école forme chaque année les infirmiers et les infirmières de demain et conduit des programmes de recherche contribuant à l’efficience des soins et à leur évolution. En son cœur bat le SILAB, pour Source Innovation Lab, un laboratoire d’innovation tourné vers l’avenir qui porte, entre autres, le Défi Source. Organisé tous les deux ans, ce défi a pour ambition de stimuler l’innovation dans les soins en mobilisant, toutes spécialités confondues, la communauté estudiantine, les professionnel-les de santé et le grand public autour d’un processus de création collective. «A l’origine, on cherchait un moyen de rendre nos étudiants curieux de l’innovation», raconte Dominique Truchot-Cardot, responsable du SILAB et professeure ordinaire. «Ils vont être confrontés à la technologie, devenir des professionnels sur le terrain, parfois des responsables. On se doit de les préparer à se poser la question: qu’est-ce qu’il faut améliorer? Alors on a lancé ce défi, une sorte d’hackathon additionné d’un bootcamp. Et ça fonctionne: ils y participent et sont rejoints par beaucoup d’autres, même sans obtenir le moindre crédit pour leur cursus réciproque.»

Un défi taillé pour les soins

Avant de lancer leur propre Défi, les équipes du SILAB ont, comme beaucoup, tenté l’aventure des nombreux hackathons «traditionnels» proposés dans l’Arc lémanique avec leur-es étudiant-es. Et le succès a été au rendez-vous: les équipes de La Source y ont glané des prix. «Mais une fois la compétition terminée, rien n’aboutissait», confie Dominique Truchot-Cardot. C’est ce constat qui a poussé le SILAB à développer son propre concept, un format à part entière, mieux adapté aux réalités des soins et plus propice à faire émerger des innovations concrètes.

Pour cela, le Défi Source repose sur un principe simple: partir des idées et des besoins du terrain. Tout un chacun est invité à amener des problématiques vécues et des idées pour les contrer. C’est autour de ces situations réelles que se forment ensuite des équipes, mêlant étudiant-es de tous les milieux, soignant-es, patient-es, ingénieur-es, designeur-euses, profils en économie, communication ou en entrepreneuriat. «C’est un processus riche et complexe, car il faut le temps de se comprendre, de tisser des liens entre des univers très différents, entre les jargons et les cultures professionnelles», souligne la responsable du SILAB. Mais c’est précisément de cette pluridisciplinarité que naît la fertilité.

Semer ensemble l’innovation

Le Défi Source, c’est donc un parcours pensé pour faire germer les idées et leur donner toutes les chances de pousser. Tout commence le 28 avril: chacun-e peut proposer une problématique ou rejoindre un projet existant. «Puis les idées circulent, les compétences se cherchent et les équipes se forment», explique Aurélie Durier, Community & Event Manager à La Source. Une trentaine de mentors accompagnent ensuite les équipes jusqu’au Pitch Day, le 10 mai. Là, chaque projet a 90 secondes pour convaincre un jury interdisciplinaire. Quatorze équipes sont ensuite sélectionnées pour rejoindre un bootcamp du 16 au 18 mai: trois jours guidés par des coachs et des expert-es de divers métiers, entièrement bénévoles, allant de juristes à des directeur-rices d’hôpitaux. Le 23 mai, lors de la restitution finale, chaque équipe présente l’état d’avancement de son projet. Huit prix et cinq distinctions sont attribués dans un esprit ouvert et collaboratif, car l’objectif n’est pas la compétition, mais la croissance collective pour l’innovation en santé.

Une floraison de partenaires pour l’édition 2025

Lancé une première fois en 2021 avec un focus sur les soins infirmiers, le Défi a évolué vers une approche plus large en 2023, englobant santé, prévention et outils numériques. Des projets inspirés par l’intelligence artificielle ont vu le jour, certains ont même donné naissance à des prototypes, des modèles d’affaires ou des débuts de start-up. «On n’impose pas de thématique: ce sont les participant-es qui apportent leurs idées, et d’autres viennent s’y greffer. L’innovation, ce n’est pas que de la technologie, c’est une dynamique collective», ajoute Dominique Truchot-Cardot qui rêve d’un projet de prévention bien ficelé pour toucher les jeunes sur les réseaux.

Pour sa troisième édition, le Défi Source prend une nouvelle ampleur. Toujours ouvert à toutes les dimensions des soins et de la santé, il s’enrichit cette année d’un réseau de partenaires exceptionnel. Ils étaient une poignée en 2021, une dizaine en 2023. En 2025, ils sont plus de 35 à soutenir l’événement. «Ils viennent d’horizons très variés, comme les soins à domicile, les EMS, l’ingénierie, la restauration, les services énergétiques ou encore les assurances», précise Aurélie Durier.

Ce maillage, inédit par sa diversité, est bien plus qu’un simple signe d’engagement: il devient la véritable rampe de lancement des projets. Car ici, pas de chèques symboliques. Les prix prennent la forme de coaching, d’accompagnement ou de soutien stratégique. Pour les lauréat-es, c’est une chance précieuse d’être entouré-es dès la sortie du Défi, par des structures capables de faire éclore un prototype, un service, une solution utiles sur le terrain. A vos grainiers!

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